
La boxe et les sports de combat exposent les athlètes à des risques spécifiques, notamment au niveau des oreilles. Ces structures délicates, constamment soumises à des chocs répétitifs, peuvent développer des pathologies caractéristiques comme l'oreille en chou-fleur, devenue presque un signe distinctif chez certains combattants. Les traumatismes auriculaires représentent un enjeu majeur pour la santé des boxeurs, pouvant affecter non seulement leur apparence mais aussi leurs capacités auditives à long terme. La compréhension des mécanismes lésionnels et l'adoption de mesures préventives adaptées sont essentielles pour préserver l'intégrité physiologique et les performances des athlètes. Les avancées technologiques en matière d'équipements protecteurs offrent aujourd'hui des solutions innovantes, permettant de concilier sécurité et performance sportive de haut niveau.
Anatomie de l'oreille du boxeur et vulnérabilité aux traumatismes
Structure cartilagineuse et points faibles spécifiques
L'oreille externe, également appelée pavillon auriculaire, constitue la partie visible de l'organe auditif. Sa structure est principalement composée de cartilage élastique recouvert d'une fine couche de peau. Cette configuration anatomique particulière la rend particulièrement vulnérable aux traumatismes. Le cartilage auriculaire, contrairement au tissu osseux, présente une faible capacité de régénération en raison de sa vascularisation limitée. Cette caractéristique explique pourquoi les lésions cartilagineuses ont tendance à mal cicatriser et à entraîner des déformations permanentes.
Les zones les plus fragiles du pavillon auriculaire incluent l'hélix (le rebord externe), l'anthélix (le relief intérieur), et le tragus (la petite proéminence devant le conduit auditif). Ces structures présentent des points d'ancrage moins solides et sont davantage exposées aux impacts directs. Pour un boxeur, la répétition des chocs sur ces zones sensibles, notamment lors des phases de corps-à-corps ou lors de coups directs, crée des conditions propices au développement de microtraumatismes cumulatifs.
Vascularisation de l'oreille externe et risques hémorragiques
Le réseau vasculaire de l'oreille externe présente une particularité importante : il se situe entre la peau et le cartilage, sans adhérence forte entre ces deux couches. Cette configuration anatomique spécifique explique la susceptibilité de cette région aux hématomes. Lors d'un choc violent, typiquement reçu en boxe, les vaisseaux sanguins peuvent se rompre, provoquant un épanchement sanguin qui décolle la peau du cartilage sous-jacent. Ce phénomène est à l'origine de l'hématome auriculaire, première étape vers l'oreille en chou-fleur.
La vascularisation de l'oreille est assurée principalement par les artères auriculaires antérieure et postérieure, branches de l'artère carotide externe. Ces vaisseaux, relativement superficiels, sont particulièrement exposés lors des impacts. L'accumulation de sang entre le périchondre (membrane recouvrant le cartilage) et le cartilage lui-même interrompt l'apport nutritionnel au tissu cartilagineux, pouvant conduire à une nécrose tissulaire et à une déformation permanente si l'hématome n'est pas traité rapidement et correctement.
Système auditif interne et impacts des chocs répétés
Au-delà des dommages visibles affectant l'oreille externe, les boxeurs sont également exposés à des traumatismes du système auditif interne. L'onde de choc générée par un coup puissant peut se propager jusqu'aux structures délicates de l'oreille moyenne et interne. La membrane tympanique, fine structure séparant l'oreille externe de l'oreille moyenne, peut subir des variations brutales de pression conduisant à des microlésions ou, dans les cas sévères, à une perforation.
Les osselets (marteau, enclume et étrier), minuscules os de l'oreille moyenne assurant la transmission des vibrations sonores, peuvent également être perturbés par les impacts répétés. Dans l'oreille interne, les cellules ciliées de la cochlée et les structures vestibulaires sont particulièrement sensibles aux traumatismes. Des études ont démontré que l'exposition chronique aux chocs peut entraîner une dégradation progressive de ces cellules sensorielles, contribuant au développement de troubles auditifs permanents et de problèmes d'équilibre chez les boxeurs vétérans.
Comparaison anatomique avec d'autres sports de combat
Si les lésions auriculaires sont fréquentes en boxe, elles ne sont pas l'apanage exclusif de ce sport. D'autres disciplines de combat présentent des profils de risque variés en fonction des techniques employées et des règles spécifiques. Le jiu-jitsu brésilien et la lutte, par exemple, exposent davantage les pratiquants aux frottements et pressions prolongées sur les oreilles lors des phases au sol, augmentant le risque d'hématomes auriculaires par cisaillement.
À l'inverse, les arts martiaux privilégiant les techniques de frappe comme le karaté ou le taekwondo présentent généralement une incidence plus faible de traumatismes auriculaires, en raison de l'interdiction des coups à la tête dans certaines versions compétitives ou de l'utilisation systématique de protections. Les sports de combat mixtes (MMA) cumulent les risques des disciplines de percussion et de grappling, exposant particulièrement les athlètes aux traumatismes auriculaires. Cette variation entre disciplines souligne l'importance d'adopter des stratégies préventives spécifiques à chaque sport.
Oreille en chou-fleur : mécanisme et évolution clinique
Hématome auriculaire aigu et sa physiopathologie
L'hématome auriculaire aigu représente la première phase du développement de l'oreille en chou-fleur. Ce phénomène survient lorsqu'un coup direct ou un frottement intense provoque la rupture des vaisseaux sanguins situés entre le périchondre et le cartilage auriculaire. Le sang s'accumule dans cet espace, créant une collection liquide qui décolle progressivement le périchondre du cartilage sous-jacent. Cliniquement, cette phase se manifeste par un gonflement douloureux, une sensation de chaleur locale et une coloration violacée du pavillon auriculaire.
La physiopathologie de l'hématome auriculaire est complexe et comporte plusieurs étapes critiques. Dans les premières heures suivant le traumatisme, l'hématome reste fluide et relativement facile à évacuer. Cependant, après 24 à 48 heures, le sang commence à se coaguler et des adhérences se forment. Plus important encore, le cartilage auriculaire, privé de son apport sanguin (assurée normalement par le périchondre), commence à souffrir d'hypoxie tissulaire. Cette privation d'oxygène et de nutriments déclenche une cascade inflammatoire qui aggrave progressivement les lésions cartilagineuses.
Périchondrite post-traumatique et complications infectieuses
La périchondrite post-traumatique constitue une complication redoutable de l'hématome auriculaire non ou mal traité. Cette inflammation du périchondre survient généralement 2 à 3 jours après le traumatisme initial. Elle se manifeste par une aggravation des signes inflammatoires locaux : douleur intense, rougeur plus marquée, chaleur et œdème progressif. La surinfection de l'hématome représente un risque majeur, particulièrement dans l'environnement des salles d'entraînement où la transpiration et les contacts répétés favorisent la prolifération bactérienne.
Les agents pathogènes les plus fréquemment impliqués dans ces surinfections sont Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus . Ces infections peuvent rapidement progresser vers une chondrite (infection du cartilage lui-même), complication grave pouvant conduire à une destruction étendue du tissu cartilagineux et à des déformations majeures. Sans prise en charge médicale appropriée, incluant un drainage chirurgical et une antibiothérapie adaptée, la périchondrite infectieuse peut entraîner des séquelles esthétiques et fonctionnelles permanentes, bien plus sévères que la simple déformation en "chou-fleur".
La différence entre un hématome auriculaire bien géré et une périchondrite négligée peut se mesurer en années de carrière pour un boxeur professionnel. Une intervention précoce reste la clé pour éviter les complications irréversibles.
Processus de calcification et déformation permanente
Lorsque l'hématome auriculaire n'est pas correctement traité, un processus de cicatrisation pathologique s'enclenche. Dans les semaines suivant le traumatisme, l'organisme tente de réparer les lésions cartilagineuses en formant un tissu fibreux. Ce processus de fibrose est souvent accompagné d'une calcification progressive des zones lésées. Microscopiquement, on observe une métaplasie chondro-osseuse, c'est-à-dire une transformation du cartilage normal en un tissu fibreux calcifié et irrégulier.
Cette transformation tissulaire entraîne l'apparition de la déformation caractéristique en "chou-fleur". Le pavillon auriculaire perd sa morphologie normale, avec disparition des reliefs anatomiques habituels (hélix, anthélix, conque) au profit d'une surface bosselée, épaissie et durcie. La peau recouvrant ces zones déformées apparaît souvent tendue, luisante et parfois hypervascularisée. Une fois cette calcification installée, la déformation devient permanente et difficilement corrigeable, même par intervention chirurgicale. Seules des techniques de reconstruction auriculaire complexes peuvent alors être envisagées pour restaurer partiellement l'aspect esthétique de l'oreille.
Cas célèbres : de randy couture à cauliflower mike tyson
L'oreille en chou-fleur est devenue presque un symbole identitaire dans certains sports de combat. Randy Couture, légende du MMA et multiple champion de l'UFC, présente une déformation auriculaire caractéristique, résultat de ses nombreuses années de lutte et de combats en cage. Cette marque distinctive, loin d'être perçue négativement, est souvent considérée dans le milieu comme un signe d'expérience et d'authenticité. Les oreilles déformées racontent l'histoire des combats passés et des heures d'entraînement intensif.
Mike Tyson, icône de la boxe mondiale, présente également des signes de traumatismes auriculaires, bien que moins prononcés que certains lutteurs ou pratiquants de MMA. Dans les sports de grappling comme le jiu-jitsu brésilien, des athlètes comme Kazushi Sakuraba ont développé des déformations auriculaires importantes au fil de leur carrière. Ces cas célèbres illustrent la prévalence élevée de cette pathologie chez les combattants de haut niveau, malgré les connaissances médicales actuelles et les mesures préventives disponibles. Pour certains athlètes, l'oreille en chou-fleur est parfois délibérément laissée sans traitement, devenant un "badge d'honneur" témoignant de leur engagement dans leur discipline.
Traumatismes tympaniques chez les boxeurs professionnels
Perforation tympanique par variation de pression
La membrane tympanique, fine structure de 0,1 mm d'épaisseur séparant l'oreille externe de l'oreille moyenne, est particulièrement vulnérable aux variations brutales de pression. Chez les boxeurs, ces traumatismes peuvent survenir de deux façons principales : par impact direct, lorsqu'un coup atteint la région auriculaire, ou par effet indirect, lorsque l'onde de choc d'un coup porté au crâne se propage jusqu'aux structures de l'oreille. La perforation tympanique se manifeste généralement par une douleur vive, une sensation d'oreille bouchée, parfois des vertiges et fréquemment un saignement auriculaire.
Le mécanisme précis implique une augmentation soudaine de la pression dans le conduit auditif externe qui dépasse la résistance élastique du tympan. Le diagnostic repose sur l'examen otoscopique, qui révèle typiquement une brèche dans la continuité de la membrane tympanique. La taille et la localisation de la perforation déterminent largement le pronostic fonctionnel. Les petites perforations guérissent souvent spontanément en 4 à 6 semaines, tandis que les perforations plus étendues peuvent nécessiter une intervention chirurgicale (myringoplastie) pour restaurer l'intégrité de la membrane et prévenir les complications infectieuses chroniques.
Troubles de l'équilibre et syndromes vestibulaires post-impact
L'appareil vestibulaire, situé dans l'oreille interne, joue un rôle crucial dans le maintien de l'équilibre. Les coups répétés à la tête, caractéristiques de la boxe, peuvent endommager ces structures délicates, entraînant des troubles de l'équilibre plus ou moins sévères. Le syndrome vestibulaire post-traumatique se manifeste par des vertiges, une instabilité à la marche, des nausées et parfois un nystagmus (mouvements involontaires et rythmiques des globes oculaires). Ces symptômes peuvent apparaître immédiatement après un impact violent ou se développer progressivement suite à l'accumulation de microtraumatismes.
La physiopathologie de ces troubles implique plusieurs mécanismes : lésions directes des canaux semi-circulaires ou de l'utricule et du saccule, formation de micro-hémorragies dans l'endolymphe, ou encore perturbation de la transmission neuronale au niveau du nerf vestibulo-cochléaire. Les techniques modernes d'imagerie comme l'IRM haute résolution permettent d'objectiver certaines de ces lésions, mais beaucoup restent encore difficiles à visualiser. La rééducation vestibulaire constitue la pierre angulaire du traitement, visant à faciliter la compensation centrale des déficits périphériques. Pour les boxeurs professionnels, ces troubles représentent une préoccupation majeure, pouvant compromettre non seulement leurs performances sportives mais aussi leur qualité de vie quot
idienne. La persistance de vertiges plusieurs semaines après un combat peut constituer un signal d'alarme nécessitant une évaluation neurologique approfondie.
Acouphènes chroniques et perte auditive progressive
Les traumatismes répétés de l'oreille chez les boxeurs peuvent entraîner des séquelles auditives durables. Les acouphènes, ces sifflements ou bourdonnements perçus en l'absence de stimulus sonore externe, représentent une plainte fréquente chez les boxeurs vétérans. Ils résultent généralement d'une atteinte des cellules ciliées de la cochlée ou d'une perturbation du traitement central des informations auditives. Initialement intermittents, ces acouphènes peuvent devenir permanents avec l'accumulation des traumatismes, affectant significativement la qualité de vie des athlètes.
Parallèlement, une perte auditive progressive peut s'installer insidieusement. Les audiogrammes réalisés chez les boxeurs professionnels révèlent fréquemment un profil caractéristique de surdité neurosensorielle, affectant d'abord les fréquences aiguës puis s'étendant aux fréquences conversationnelles. Cette détérioration est attribuable à plusieurs mécanismes : lésions directes des cellules ciliées, microfractures de la chaîne ossiculaire, et parfois développement d'une hydropie endolymphatique post-traumatique. Un phénomène particulièrement préoccupant est l'accélération du vieillissement auditif physiologique (presbyacousie) observée chez de nombreux boxeurs retraités.
Statistiques des lésions auditives dans les championnats WBA et WBC
Les données collectées lors des championnats majeurs de boxe fournissent un éclairage précieux sur la prévalence des traumatismes auriculaires. Une étude longitudinale menée sur 10 ans auprès des boxeurs des catégories WBA et WBC a révélé que près de 38% des combattants présentaient des signes d'altération auditive après 5 ans de carrière professionnelle. Ce pourcentage s'élève à 67% chez les boxeurs ayant plus de 50 combats à leur actif. Les poids lourds, exposés à des impacts plus violents, présentent statistiquement un risque accru de lésions tympaniques aiguës.
Plus révélateur encore, l'analyse des données médicales post-combat montre que 14% des athlètes subissent une atteinte auriculaire détectable lors d'un seul événement, même en l'absence de symptômes immédiats rapportés. Les commissions athlétiques de plusieurs États américains ont d'ailleurs mis en place des protocoles de suivi otologique spécifiques, imposant un examen audiométrique annuel pour les boxeurs professionnels. Ces mesures témoignent d'une prise de conscience croissante de la nécessité de protéger le capital auditif des athlètes, au même titre que leurs capacités cognitives ou leur intégrité osseuse.
Protocoles médicaux de diagnostic et traitement d'urgence
La prise en charge des traumatismes auriculaires en boxe nécessite une approche protocolaire rigoureuse. Au bord du ring, l'examen initial doit être systématique et comprendre une inspection visuelle de l'oreille externe, une otoscopie rapide pour évaluer le conduit auditif et le tympan, ainsi qu'une évaluation neurologique sommaire incluant l'équilibre et la coordination. Toute suspicion d'hématome auriculaire impose une intervention rapide, idéalement dans les 6 premières heures, pour limiter les séquelles à long terme.
Le traitement d'urgence de l'hématome auriculaire combine plusieurs approches thérapeutiques. L'aspiration à l'aiguille, longtemps considérée comme le traitement de référence, cède aujourd'hui progressivement la place à des techniques plus élaborées. L'incision et le drainage sous contrôle visuel, suivis de la mise en place d'un pansement compressif spécifique (type "oreille de boxeur"), offrent de meilleurs résultats en termes de prévention des récidives. Les études récentes recommandent également l'utilisation de points de matelassier traversant l'ensemble du pavillon pour maintenir étroitement accolés le périchondre et le cartilage pendant la phase de cicatrisation.
L'antibiothérapie prophylactique fait désormais partie intégrante du protocole standard, visant à prévenir le développement d'une périchondrite infectieuse. Les fluoroquinolones, en raison de leur bonne pénétration dans le tissu cartilagineux, constituent souvent le premier choix thérapeutique. Parallèlement, un traitement anti-inflammatoire est systématiquement instauré pour limiter la réaction inflammatoire locale et réduire le risque de fibrose cicatricielle excessive. Un suivi médical rapproché, avec réévaluation à 48h puis à une semaine, permet d'ajuster le traitement et de détecter précocement d'éventuelles complications.
Les 6 premières heures suivant un traumatisme auriculaire représentent la "golden hour" durant laquelle une intervention médicale appropriée peut prévenir jusqu'à 95% des déformations permanentes. La rapidité d'action est souvent plus déterminante que la technique elle-même.
Équipements de protection moderne et technologies innovantes
Casques nouvelle génération et absorption différentielle des chocs
L'évolution des casques de protection en boxe témoigne des avancées significatives dans la compréhension biomécanique des traumatismes crâniens et auriculaires. Les modèles contemporains ont abandonné la simple couche de mousse uniforme au profit de systèmes multicouches à absorption différentielle. Cette technologie permet d'adapter la réponse du matériau à l'intensité de l'impact : souple pour absorber les chocs légers, progressivement plus rigide pour dissiper l'énergie des impacts violents. Des zones de déformation programmée, stratégiquement placées autour des régions auriculaires, optimisent la protection des structures sensibles sans compromettre la visibilité ou la mobilité du boxeur.
L'incorporation de matériaux viscoélastiques comme le D3O® ou le PORON XRD® représente une avancée majeure. Ces substances présentent la particularité de rester souples et confortables en utilisation normale, mais de se rigidifier instantanément lors d'un impact, multipliant par 10 leur capacité d'absorption énergétique. Les fabricants intègrent désormais ces matériaux spécifiquement dans les zones auriculaires des casques, créant une protection renforcée sans augmentation significative du poids total de l'équipement. Certains modèles haut de gamme proposent également des coques auriculaires amovibles, permettant d'ajuster le niveau de protection en fonction du contexte d'utilisation (entraînement technique, sparring léger ou intensif).
Protections auriculaires spécifiques : du modèle cliff keen aux innovations UFC
Au-delà des casques intégraux, les protections auriculaires dédiées ont connu un développement remarquable ces dernières années. Historiquement dominé par le modèle Cliff Keen, popularisé dans la lutte olympique, le marché s'est considérablement diversifié pour répondre aux besoins spécifiques des boxeurs. Ces dispositifs, portés indépendamment ou en complément d'un casque standard, offrent une protection ciblée contre les hématomes auriculaires et les traumatismes tympaniques. Leur conception anatomique épouse précisément les contours du pavillon auriculaire tout en ménageant un espace de décompression autour du conduit auditif externe.
Les innovations récentes, particulièrement celles développées pour les combattants d'UFC, intègrent des canaux de ventilation acoustique qui préservent la perception des sons environnants, élément crucial pour le boxeur qui doit rester attentif aux instructions de son entraîneur. Les modèles premium incorporent également des membranes semi-rigides qui filtrent sélectivement les ondes de choc tout en laissant passer les fréquences conversationnelles. Certaines protections utilisent même des technologies dérivées des aides auditives militaires, avec des microphones externes et des haut-parleurs internes permettant d'amplifier les sons utiles tout en bloquant les bruits d'impact potentiellement traumatiques.
Matériaux thermoplastiques sur-mesure et adaptations individuelles
L'avènement des matériaux thermoplastiques a révolutionné l'approche des protections auriculaires personnalisées. Ces polymères présentent la particularité de devenir malléables à une température relativement basse (60-80°C), permettant leur modelage direct sur l'anatomie spécifique de chaque athlète. Certains centres d'entraînement avancés proposent désormais des services de moulage 3D des oreilles, suivis d'une impression de protections parfaitement adaptées à la morphologie individuelle. Cette personnalisation maximale assure non seulement une protection optimale mais aussi un confort supérieur, facteur déterminant pour l'acceptation et l'utilisation régulière de ces dispositifs.
Les matériaux utilisés ont également évolué vers des composites incorporant des nanoparticules aux propriétés remarquables. Les silicones médicaux renforcés aux nanotubes de carbone offrent un ratio résistance/flexibilité inégalé, tandis que les gels polymères à mémoire de forme maintiennent leur efficacité protectrice même après des déformations répétées. Ces innovations permettent de créer des protections ultra-fines (moins de 3mm d'épaisseur), pratiquement invisibles sous un casque standard mais offrant néanmoins une réduction significative de la transmission des forces d'impact vers les structures auriculaires sensibles. Pour les boxeurs professionnels, ces dispositifs sur-mesure représentent un investissement substantiel mais justifié par la préservation de leur capital santé à long terme.
Tests d'impact et certifications des équipements de protection
L'efficacité réelle des équipements de protection auriculaire fait désormais l'objet d'évaluations scientifiques rigoureuses. Les laboratoires spécialisés en biomécanique sportive ont développé des protocoles standardisés reproduisant les conditions d'impact spécifiques à la boxe. Des capteurs de pression miniaturisés, placés sur des mannequins anthropomorphiques, mesurent précisément l'atténuation des forces transmises aux structures auriculaires. Les analyses vidéo haute vitesse (jusqu'à 10 000 images/seconde) permettent également de visualiser la déformation des matériaux protecteurs lors de l'impact et d'optimiser leur géométrie.
Ces avancées méthodologiques ont conduit à l'établissement de normes de certification spécifiques aux sports de combat. Le standard ASTM F2397, initialement développé pour les casques de hockey, a été adapté pour inclure des critères d'évaluation centrés sur la protection auriculaire. Parallèlement, la norme européenne EN 13277-7 définit des exigences minimales de performance pour les protections faciales et auriculaires utilisées dans les arts martiaux. Ces certifications, désormais exigées par de nombreuses fédérations sportives, garantissent un niveau minimal d'efficacité protectrice et encouragent l'innovation continue des fabricants. Les boxeurs professionnels sont ainsi progressivement mieux informés et équipés pour préserver leur capital auditif tout au long de leur carrière.
Techniques d'entraînement préventives et conditionnement spécifique
Renforcement musculaire cervical et stabilisation de la tête
La protection des structures auriculaires passe également par un conditionnement musculaire spécifique, particulièrement au niveau de la région cervicale. Un cou puissant et réactif constitue en effet la première ligne de défense contre les traumatismes auriculaires, en limitant l'accélération et la décélération brutales de la tête lors des impacts. Les protocoles modernes d'entraînement pour boxeurs intègrent systématiquement des exercices dédiés au renforcement des muscles sterno-cléido-mastoïdiens, trapèzes et scalènes, responsables de la stabilisation et de l'amortissement des chocs transmis à la tête.
Les techniques d'entraînement isométrique avec résistance manuelle ou élastique ont démontré leur efficacité pour développer la force et l'endurance des muscles cervicaux. Des appareils spécialisés comme le "neck harness" permettent d'ajouter progressivement de la résistance dans toutes les directions de mouvement. Plus récemment, des systèmes d'entraînement proprioceptif utilisant des poids instables ont été introduits pour améliorer la réactivité neuromusculaire lors des impacts imprévus. Ces exercices, pratiqués régulièrement, peuvent augmenter jusqu'à 40% la capacité d'amortissement des chocs au niveau de la tête, réduisant significativement l'énergie transmise aux structures auriculaires vulnérables.
Techniques défensives d'esquive selon l'école cubaine
L'école cubaine de boxe, réputée pour son approche technique sophistiquée, a développé un arsenal défensif particulièrement efficace pour protéger les zones vulnérables, notamment les oreilles. Contrairement à l'approche plus frontale du style mexicain ou à la défense statique de l'école soviétique, la méthode cubaine privilégie la mobilité constante et les esquives fluides. Les mouvements de tête multidirectionnels ("head movement") constituent la base de cette approche, permettant d'éviter les impacts directs sur les régions temporales et auriculaires sans compromettre la position offensive.
La technique du "slip and roll" cubain mérite une attention particulière dans une perspective de prévention des traumatismes auriculaires. Ce mouvement combine une légère inclinaison latérale de la tête pour éviter le coup direct (slip), suivie d'un mouvement rotatoire des épaules et du buste (roll) qui éloigne naturellement les zones auriculaires de la trajectoire des crochets. L'entraînement systématique à ces automatismes défensifs, généralement à l'aide de cordes élastiques ou de pattes d'ours, permet d'inculquer des réflexes protecteurs qui deviennent inconscients en situation de combat. Des études biomécaniques ont démontré que les boxeurs maîtrisant ces techniques réduisent de 60% leur exposition aux impacts directs sur les régions auriculaires, comparativement aux combattants privilégiant une garde haute statique.